La rentrée scolaire approche et il y a des inquiétudes concernant la pénurie d’enseignants. Malgré les promesses du président Emmanuel Macron, il semble que certaines disciplines et académies soient plus vulnérables que d’autres. Selon les chiffres, près de 19% des places pour les concours de professeur des écoles n’ont pas été pourvues, et la situation est similaire pour 16,6% des postes dans le secondaire. Bien que des mesures aient été prises pour améliorer les conditions de travail et les salaires des enseignants, elles ne semblent pas avoir suffi à attirer suffisamment de candidats. Cela soulève des questions sur l’attractivité du métier d’enseignant et les défis persistants auxquels le système éducatif est confronté. Pour en savoir plus sur les disciplines et les académies les plus touchées, continuez à lire.
Pénurie d’enseignants dans quatre académies primaires
Pour enseigner à l’école maternelle ou primaire, il est nécessaire de passer le concours de recrutement de professeurs des écoles. Ce concours est organisé dans chaque académie et est ouvert aux étudiants en deuxième année de master ainsi qu’aux vacataires ayant une expérience professionnelle de cinq ans et souhaitant obtenir un poste permanent. Il existe également des concours internes à l’Education nationale et à la fonction publique, mais ils ne sont pas pris en compte dans les calculs de franceinfo car ils ne créent pas de nouveaux postes.
Lors de la session 2023, certaines académies ont admis plus de candidats qu’il n’y avait de postes disponibles. C’est le cas des académies de Rennes, Strasbourg, Bordeaux et Nice. En revanche, quatre académies n’ont pas réussi à pourvoir tous leurs postes : Créteil, Versailles, la Guyane et Mayotte. À Créteil, il y a un déficit de 975 postes. À Versailles, malgré des sessions supplémentaires, il manque 620 enseignants avant la rentrée 2023. Pour Mayotte, 34 postes sont restés vacants, et pour la Guyane, ce chiffre s’élève à 124.
Guislaine David, co-secrétaire générale du SNUipp-FSU, avait déjà averti mi-mai qu’il y aurait des problèmes à la rentrée. Le ministère de l’Éducation affirme que tout a été fait pour que la rentrée se déroule au mieux et indique que les académies les plus en besoin ont reçu l’autorisation de puiser dans les listes complémentaires. L’académie de Créteil, qui connaît régulièrement des pénuries d’enseignants, explique avoir mis en place un suivi précis des arrivées et des départs des enseignants afin d’anticiper les éventuels manques. Jusqu’à la dernière minute, des ajustements devront être effectués, car certains enseignants titulaires annoncent qu’ils changent d’académie à la fin de l’été, tandis que d’autres enseignants qui ont réussi l’agrégation interne quittent l’enseignement primaire pour enseigner au lycée ou en classe préparatoire.
L’absence d’attrait pour la filière professionnelle
Dans le secondaire, les concours nationaux rendent difficile l’obtention de détails sur les postes non pourvus par académie. Cependant, on sait que les académies les plus touchées par la pénurie d’enseignants sont Versailles, Créteil, la Guyane et Mayotte, selon le ministère de l’Education.
Pour l’agrégation externe, seulement 5,16% des postes ne sont pas pourvus, tandis que ce chiffre atteint 28,22% pour le CAPLP, qui permet d’enseigner en lycée professionnel. Les futurs professeurs associent le concours de l’agrégation à de meilleures conditions de travail et à une plus grande reconnaissance sociale, souligne la sociologue Géraldine Farges. Les postes d’agrégés offrent des avantages tels qu’un nombre d’heures de cours réduit, un salaire plus élevé et une meilleure rémunération des heures supplémentaires.
Dans les voies professionnelles, le recrutement est plus complexe en raison de la spécialisation des disciplines et de la corrélation entre le nombre d’élèves et la situation du marché du travail, explique l’académie de Créteil. Chaque année, le nombre d’élèves peut varier dans certaines disciplines, ce qui nécessite de trouver rapidement des professeurs. Cette année, les sciences et techniques médico-sociales ainsi que l’économie-gestion posent particulièrement problème dans cette académie.
Déficit d’enseignants dans certaines matières
Les résultats des concours d’enseignement révèlent des disparités entre les différentes disciplines. Dans l’enseignement secondaire général, les matières les plus touchées par la pénurie d’enseignants sont les lettres classiques, l’allemand, l’éducation musicale, les mathématiques et la physique-chimie. Cette année, on observe également des difficultés en espagnol, avec un pourcentage élevé de postes non pourvus. Ces disparités s’expliquent en partie par la concurrence exercée par certains métiers du secteur privé, perçus comme plus attractifs et mieux rémunérés par les étudiants. Par exemple, les sciences industrielles de l’ingénieur – option ingénierie informatique – comptent un taux élevé de postes vacants dans le concours du Capet, qui concerne l’enseignement en voie technologique. De même, les mathématiques-physique-chimie affichent le taux le plus élevé de postes vacants dans le CAPLP, suivi de près par les disciplines du génie mécanique et du génie civil. Les filières de l’informatique et de l’ingénierie connaissent une forte demande dans le secteur privé, ce qui incite certains étudiants à opter pour ces carrières plutôt que de devenir enseignants en lycée professionnel.
Comment remédier à la pénurie d’enseignants : des solutions efficaces
Certaines académies ont recours à des candidats sur liste complémentaire pour combler le manque d’enseignants. D’autres, comme l’académie de Versailles, organisent des sessions de job dating pour recruter des contractuels. Cependant, cette méthode est critiquée par les syndicats et les enseignants, qui voient cela comme un remède temporaire à une crise profonde des vocations. De plus, selon Sophie Venetitay, le nombre de contractuels embauchés n’est pas suffisant pour remplacer les congés prévus et imprévus tout au long de l’année scolaire.
L’académie de Créteil a adopté une approche différente en entretenant un partenariat étroit avec Pôle emploi afin de proposer des offres d’emploi adaptées et ciblées. De plus, elle offre un dispositif spécial aux jeunes intéressés par le métier d’enseignant, leur permettant de continuer leurs études tout en observant les classes et en étant rémunérés. Cette stratégie vise à susciter des vocations, en offrant des incitations financières aux futurs enseignants.
Il est intéressant de noter que la proportion d’étudiants souhaitant devenir enseignants est élevée dans les milieux défavorisés, y compris dans l’académie de Créteil. Ces étudiants voient l’école comme un moyen d’ascension sociale et sont motivés à redonner à l’institution scolaire ce qu’elle leur a apporté, observe une sociologue.