Le député Thomas Ménagé du Rassemblement national (RN) remet en question la pertinence des diagnostics du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), sans remettre en cause l’existence du dérèglement climatique. Selon lui, il ne faut pas se baser uniquement sur les données du Giec car ils ont parfois tendance à exagérer. Cette déclaration rappelle les propos tenus précédemment par Marine Le Pen, qui avait également critiqué le Giec en le qualifiant d’alarmiste. Selon elle, c’est normal que l’organisme soit pessimiste, car il est constamment confronté à la réalité du changement climatique.
Les déclarations qui ne tiennent pas compte du fonctionnement du Giec
L’accusation portée par Ménagé (et également par Le Pen) montre une méconnaissance du fonctionnement du Giec. Il est incorrect de parler de “données du Giec”, car le Giec ne produit pas de données. Ses rapports sont basés sur la synthèse des études scientifiques existantes. Ces rapports représentent le consensus scientifique et sont souvent prudents voire trop conservateurs. Par exemple, si une étude indique un chiffre de dix, une autre vingt et une autre trente, le rapport mentionnera “au moins dix”. De plus, les modélisations utilisées par le Giec reflètent assez fidèlement les évolutions observées dans la réalité. Affirmer que les données du Giec sont “exagérées” ou que l’organisation “a toujours été alarmiste” est en contradiction avec la réalité et remet en question les études scientifiques qui prouvent et quantifient le dérèglement climatique. C’est une position délicate à prendre, surtout lorsque Ménagé a souligné être d’accord sur le fait qu’il y a un dérèglement climatique.
Le Giec ne cherche pas à remplacer les gouvernements
Thomas Ménagé a été vivement critiqué sur Twitter pour ses propos concernant le Giec. Dans un tweet, il a précisé qu’il remettait en cause les recommandations du Giec en matière de nucléaire et de voiture, ainsi que leur communication alarmiste. Cependant, il affirme ne pas remettre en cause le dérèglement climatique lui-même, mais plutôt les solutions politiques proposées par le Giec.
Selon Ménagé, les deux premiers volets des rapports du Giec sont purement scientifiques et ne peuvent pas être remis en cause. En revanche, il est plus mitigé concernant le volet “solutions” qui propose des pistes et des scénarios aux décideurs politiques.
François Gemenne, chercheur, conteste cette distinction et affirme que les trois volets des rapports du Giec sont rédigés de la même manière. Le volet “solutions” évalue les coûts et les bénéfices des différents scénarios afin d’informer les décideurs politiques. Gemenne souligne que le Giec ne fait pas de politique et que les gouvernements sont libres de choisir la voie qui leur convient pour décarboner l’économie.
Il est important de préciser que les rapports du Giec sont évalués et validés par 195 pays, et que le Giec ne se substitue pas aux gouvernements.
Des recommandations qui n’ont jamais été formulées
Les accusations portées par le Rassemblement national contre le Giec concernant ses supposées recommandations “antinucléaire, antivoiture” sont infondées. En réalité, le dernier rapport du Giec mentionne à plusieurs reprises le nucléaire comme une “énergie bas carbone” et prévoit même une augmentation de sa production dans les différents scénarios envisagés pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C ou 2 °C. Il est donc erroné de prétendre que le Giec serait “antinucléaire”.
Quant à l’aspect “antivoiture”, il est important de noter que le Giec ne s’oppose pas à l’automobile en soi, mais plutôt aux véhicules thermiques. Le rapport du Giec encourage en réalité l’utilisation de véhicules électriques alimentés par des sources d’énergie bas carbone. Cependant, il est également mentionné que les décisions relatives à ces mesures d’atténuation peuvent avoir un impact sur d’autres objectifs de développement national à court, moyen et long terme. Par exemple, l’interdiction des véhicules dans les centres-villes peut réduire les embouteillages et la pollution de l’air, mais cela peut également limiter la mobilité et les choix offerts à la population.
Il est donc important de prendre en compte ces nuances et de ne pas interpréter de manière excessive les recommandations du Giec. Il est essentiel de trouver un équilibre entre la protection de l’environnement et les considérations sociales et économiques. Une transition progressive et concertée est nécessaire pour répondre aux défis climatiques tout en limitant les impacts sur la société.
Le Giec rejette l’accusation d’être alarmiste
Le Rassemblement national critique le Giec en les accusant d’être alarmistes, mais cette attaque est ironique car le nouveau président du groupe, Jim Skea, s’oppose en réalité aux discours catastrophistes. Selon lui, si on communique constamment le message de notre extinction imminente, cela paralyse les gens et les empêche de prendre les mesures nécessaires pour lutter contre le changement climatique. François Gemenne, un chercheur, souligne que l’alarmisme ne provient pas des rapports du Giec, mais de la manière dont ils sont communiqués et utilisés, notamment sur les réseaux sociaux. Il remarque que souvent les gens citent le Giec en déformant leurs propos et en sélectionnant seulement les informations qui correspondent à leurs propres idées.