Thaksin Shinawatra, ancien Premier ministre de la Thaïlande et homme d’affaires prospère, est de retour dans son pays après 15 ans d’exil. Son retour a été marqué par des salutations humblement et des remerciements envers ses partisans à l’aéroport de Bangkok. Cependant, malgré sa popularité passée, Thaksin Shinawatra a perdu de son prestige et est maintenant contraint de faire face à une peine de huit ans de prison, imposée par la Cour suprême. Son retour controversé met en lumière sa chute de la scène politique thaïlandaise et son statut contesté en tant que figure clé.
Le clivage entre les partisans des “rouges” et des “jaunes” est au cœur du débat politique
Thaksin Shinawatra, ancien Premier ministre thaïlandais, a été condamné à huit ans de prison pour des affaires liées à sa gestion du pays et de son entreprise. Malgré cela, il a été largement apprécié pour sa gestion économique durant ses cinq années au pouvoir. Il a réussi à gagner en popularité grâce à des politiques sociales novatrices, notamment dans les régions rurales. Cependant, Thaksin a également été accusé de corruption par ses détracteurs et a polarisé la vie politique thaïlandaise entre ses partisans et les conservateurs fidèles à la monarchie. Il a été évincé de la scène politique par un coup d’État mené par des généraux royalistes.
Du domaine policier à la sphère des affaires
Thaksin Shinawatra, issu d’une famille chinoise fortunée et connue pour son commerce de la soie, a choisi de suivre sa propre voie. Diplômé d’un doctorat en droit pénal d’une université américaine, il a commencé sa carrière dans la police avant de se tourner vers le monde des affaires. Malgré quelques échecs au début, il a réussi à bâtir un empire commercial grâce à son réseau d’amis influents dans les grandes dynasties d’affaires sino-thaïlandaises. Sa société, Shin Corp, s’est développée dans les télécommunications, l’aéronautique commerciale et les médias. Fort de ses succès, Thaksin a décidé de se lancer en politique en créant son propre parti, qui a remporté un score historiquement élevé aux élections de 2001.
Le “Berlusconi d’Asie” peut être décrit comme
Thaksin Shinawatra, ancien Premier ministre thaïlandais controversé, est connu pour se présenter comme étant proche du peuple, bien que certains le qualifient de populiste, ce qui lui a valu le surnom de “Berlusconi d’Asie” par The Economist. Il dirige le pays en utilisant des méthodes de gestion d’entreprise, avec pour principe fondamental : “Une entreprise, c’est un pays. Un pays, c’est une entreprise”. Malgré les critiques sur son style, sa gestion du pays a porté ses fruits, avec des taux de croissance annuels dépassant les 5%. Réélu en 2005, ce qui est un cas unique en Thaïlande, Thaksin Shinawatra rencontre néanmoins de nouvelles difficultés. Il a du mal à s’entendre avec le roi Bhumibol Adulyadej, qui s’inquiète de son trop grand pouvoir en tant que Premier ministre. Au sein de l’armée et de l’entourage du souverain, on désapprouve les méthodes de Thaksin Shinawatra, qui est prompt à utiliser la force contre les trafiquants de drogue et les musulmans séparatistes du Sud. Cependant, c’est en janvier 2006 que son règne prend vraiment fin. Sa famille vend toutes ses parts dans l’empire Shin Corp à Singapour, empochant plus de 1,5 milliard de dollars et bénéficiant d’une exonération fiscale. Cette affaire fait scandale et le Premier ministre devient la cible des ressentiments populaires. Des manifestations éclatent à Bangkok entre les partisans des “chemises rouges” et ceux des “chemises jaunes”. Thaksin Shinawatra est finalement chassé du pouvoir et contraint à l’exil en septembre 2006. En mai 2007, il est interdit de participer à des activités politiques pendant cinq ans. Les avoirs de sa famille sont gelés sur ordre de la junte militaire qui a pris le pouvoir.
L’influence exercée à distance
Thaksin Shinawatra, ancien Premier ministre thaïlandais, est de retour dans son pays après plus de quinze ans d’exil. Même éloigné, il a continué à influencer la politique thaïlandaise grâce à sa sœur Yingluck et sa fille Paetongtarn, toutes deux impliquées dans le monde politique. Son retour coïncide avec l’accession au pouvoir de Srettha Thavisin, membre du même parti. Il reste à voir si le nouveau Premier ministre pourra faire sa place dans l’ombre de Thaksin qui monopolise la scène politique depuis plus de vingt ans. Srettha Thavisin a tenté de se faire remarquer ces derniers mois grâce à son charisme et son ouverture envers la monarchie et les généraux. Son caractère consensuel pourrait permettre au pays de sortir de l’incertitude qui le paralyse depuis un certain temps.